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Paris Projet n°47 - Au rythme des Jeux

Un an après l’ouverture de la 33e Olympiade et la 17e édition des Jeux paralympiques, l’Apur analyse l’impact urbain des Jeux. Ce retour d’expérience, complémentaire des études déjà publiées sur les résultats sportifs, financiers, touristiques ou organisationnels, met en regard les transformations pérennes et temporaires mises en œuvre pour l’organisation de l’événement avec les façons dont ces aménagements ont été pratiqués par les spectateurs et les habitants pendant et depuis les Jeux.
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Paris Projet n°47 - Au rythme des Jeux © Bilal Aouffen

Événement au retentissement planétaire, Paris 2024 est aussi une réussite inédite à l’échelle d’une métropole. Ce succès se fonde sur les atouts de la proximité, portés dès la candidature, avec 27 sites de compétitions dans le Grand Paris dont 80% inscrits dans un cercle de 10 kilomètres autour du village des athlètes et plus de 70 sites de célébrations dans les quartiers. Il s'est également construit dans l’appropriation de l’espace public avec 365 km de rues transformées en parcours hors des stades, traversant plus de 90 communes et faisant dialoguer plus de deux millions d'habitants avec les épreuves. Pendant les Jeux, 28 km² étaient réservés aux sites de compétition et accès réglementé dont 9% du territoire parisien transformant la métropole en un immense terrain de jeux de 168 km2 avec en perspectives 1600 monuments historiques tantôt stades, tribunes ou paysages.

Au travers d’une centaine de cartes et du croisement de plusieurs sources de données, l’atelier parisien d’urbanisme donne à lire ces aménagements urbains réalisés mais aussi la chronotopie de l’événement, la mobilité de spectateurs ou leurs lieux de résidence. Avec plus de 12 millions de billets vendus dont 9,5 millions pour les Jeux olympiques, Paris 2024 devance toutes les éditions précédentes rassemblant 40% d’étrangers, 32% de provinciaux et 28% de Franciliens. Les sites du Grand Paris représentent 80% du total des places, dont 39% à Paris. Sur 16 jours de compétition, 12 sites dépassent les 400 000 billets olympiques. Pour les Jeux paralympiques, un pic est atteint les samedi 31 août et dimanche 1er septembre principalement par des Franciliens qui représentent 70% billets achetés. 
Pour quantifier l'intensité d'usages de la ville durant les Jeux, l'apur a également développé, traité, croisé une cinquantaine de sources de données, certaines parfois massives. Elles permettent d’objectiver les fréquentations de la métropole.  467 000 piétons par semaine étaient présents à l’Hôtel de Ville, 330 000 au parc Georges Valbon. La contribution de Jacques Lévy et Jean Coldefy s’inscrit dans cette démarche. Elle permet ainsi d’éclairer la forte présence humaine durant les Jeux et les présents dans certains quartiers au rythme des épreuves. Ainsi, 140.000 personnes environ étaient présentes à Montmartre le 3 août pour la course cycliste sur route. Enfin, l’addition des taux de fréquentation hôtelière avec le nombre d'annonces AirBnb (125 000) en augmentation de 69% dans Paris et 113% en dehors éclaire avec de nouveaux indicateurs les habitants de la métropole en août 2024.

L’ampleur de la manifestation permet aussi de mesurer l’impact de certaines mesures mises en œuvre à une plus grande échelle. Dans ce cadre, les Jeux de Paris 2024 ont notamment ouvert un champ d’étude pour les mobilités avec des transports en commun plébiscités, 87% des spectateurs se sont rendus sur les sites de compétition en transport en commun et plus accessibles (extension du réseau métro métropolitain,100% des bus accessibles dans Paris). 73,3 km de voies olympiques sont désormais expérimentés en voie réservée au covoiturage (VR2+) sur le périphérique, l’A1 et l’A13 avec là aussi des baisses de congestion et d’accident constatées. Les données d'Airparif permettent de quantifier l'amélioration de la qualité de l'air avec la baisse de la circulation automobile et l’augmentation de la marche. Les -54 % de trafic sur les Champs-Élysées se traduisent par -2 μg/m3 de NO2 (-8%), les -29% quai de la Râpée reviennent à -3 μg/m3 (-10%). Et, pour la cérémonie d’ouverture, la baisse du trafic estimée à -33% à Paris revient à -22 μg/m3 (-34%) le long de la Seine.

Ce numéro 47 de la revue Paris Projet met en regard les transformations et l’expérience des Jeux. Il témoigne de la façon dont l’événement a été tant un accélérateur des politiques publiques d’aménagement qu’un démonstrateur de savoir-faire.  Leur héritage se traduit dans les transformations des quartiers du Nord-Est avec plus de 4 000 nouveaux logements, les nombreux réaménagements d’espaces, la création de 6 passerelles, plus de 100 km de pistes cyclables ou la rénovation d’une vingtaine d’équipements sportifs qui ont servi de sites d’entrainements. Et bien sûr, dans la suite des épreuves de natation marathon et triathlon, 7 sites de baignade ouvrent au grand public dès l’été 2025, 3 à Paris et 4 dans la Marne et 34 autres sites sont proposés… Car si la ville se construit sur le temps long, le rythme des Jeux de Paris 2024 ouvre un espace de réflexion urbaine pour adapter la ville qui dépasse le temps de l’événement.