Dès les premières heures du grand confinement de mars 2020, nous nous sommes tous posé la question : « Internet va-t-il tenir ? ». Des décideurs aux télétravailleurs contraints de rester chez eux en passant par les gestionnaires techniques des infrastructures numériques, tous nous avons craint que les « tuyaux » ne résistent pas à une sollicitation trop massive et trop soudaine. Mais après quelques ajustements (dégradation temporaire autant que volontaire des bandes passantes par exemple de YouTube ou Netflix) et malgré quelques difficultés (saturation des plateformes d’enseignement à distance de l’Éducation nationale face à un grand nombre de connexions simultanées notamment les lundis matin), « les tuyaux ont tenu bon ». Et cette résistance était essentielle : en ces premiers moments critiques et alors que les Français et les Franciliens entraient dans l’inconnu de l’épidémie et du confinement « dur », il fallait que l’infrastructure tienne pour permettre le report de la vie sociale et économique sur les plateformes numériques.
Cette « permanence des réseaux » (d’énergie, d’eau et de télécommunications) n’est toutefois pas complètement un hasard. Elle est rendue intrinsèquement possible grâce à la mise en place, par les décideurs politiques, les opérateurs et les gestionnaires, de stratégies opérationnelles d’adaptabilité et de résilience des infrastructures. Ces politiques de « continuité d’activité », incluant des scénarios de crise permettent, quand elles sont anticipées, la meilleure gestion possible des pics et des congestions d’usage.
La crise sanitaire a pour effet de vérifier des hypothèses et nous permet de toucher également du doigt nos failles et vérifier l’importance stratégique de nos infrastructures matérielles et immatérielles afin d’en « penser la résilience » et anticiper, autant que possible, la prochaine crise.