Le vieillissement de la population touche l’ensemble du territoire national. La Métropole du Grand Paris n’échappe pas à cette tendance, bien qu’elle y soit moins marquée. La part de population de 65 ans et plus est passée de 12,9% à 14,7% entre 2007 et 2017, soit une augmentation de près de 160 000 personnes en dix ans.
14,7% de la population de la Métropole du Grand Paris a plus de 65 ans
La Métropole du Grand Paris compte plus de 7 millions d’habitants¹
La part des seniors de 65 ans et plus dans la Métropole est comparable à l’échelle régionale (14,7% en Île-de-France). Le vieillissement de la population est en revanche moindre qu’à l’échelle nationale où la part des 65 ans et plus s’établit à 19,6% en 2017.
Parmi les personnes de plus de 65 ans, la tranche d’âge des 65-74 ans a connu la plus forte progression au cours de la dernière décennie (+28,3%). La part des 75 ans et plus a quant à elle augmenté de 8,6%. Au contraire, la part des 18-34 ans a baissé de 1,8% entre 2007 et 2017.
Une part des seniors plus importante dans les communes de l’ouest et du sud de la Métropole
Les concentrations de personnes âgées de plus de 65 ans les plus fortes s’observent dans les communes (et arrondissements) de l’ouest et du sud-ouest de la Métropole avec des proportions de plus de 20% de 65 ans et plus. Au contraire, les communes du nord-est et du sud-est métropolitain concentrent une population plus jeune avec une part de personnes âgées de 65 ans et plus de moins de 11%.
Un vieillissement continu de la population métropolitaine
La part des plus de 65 ans dans la population totale augmente dans l’ensemble du territoire métropolitain, exceptée dans le 2e arrondissement de Paris. Ce vieillissement démographique est davantage marqué à l’est de la Métropole du Grand Paris, notamment dans le territoire de Grand Paris Grand Est (T9) et dans l’EPT Grand Paris Sud Est Avenir (T11).
Toutefois, la part des 65 ans et plus augmente de façon moindre (moins de 15%) dans les communes où elle est déjà élevée, notamment les arrondissements du Nord et de l’Ouest de Paris et les territoires de l’Ouest parisien.
Les causes de ce vieillissement sont multiples : l’allongement de l’espérance de vie, l’arrivée de la génération des baby-boomers nés après la Seconde Guerre Mondiale dans les classes d’âges des 65 ans et plus, l’amélioration des conditions de travail pour une partie de la population ou encore les progrès de la médecine.
Dans les années à venir, la part des personnes âgées de 65 ans et plus va encore s’accroître, comme en attestent les projections de l’Insee qui estiment à + 54% la progression des seniors d’ici 2050 dans la Métropole. Ce vieillissement entraînera de fait des besoins accrus en équipements et services d’accompagnement sanitaire et social pour les seniors.
Ces projections sont à mettre en lien avec la situation de pandémie que la France et le monde ont connu depuis le début de l’année 2020. La hausse des décès dans la Métropole du Grand Paris est estimée à 19,6% en 2020 par rapport à la moyenne des années 2015-2019. Cette hausse est de 20,3% en Île-de-France et de 10,9% en France en 2020 par rapport à la même période de référence 2015-2019²
Les 65 ans et plus ont été les plus touchés par les différentes vagues de l’épidémie, mais cette situation exceptionnelle et dramatique ne devrait pas profondément modifier à long terme les trajectoires démographiques anticipées. Le recul de l’espérance de vie est attesté, mais il faudra attendre quelques mois, voire années, pour comprendre les conséquences réelles de la pandémie en termes démographiques.
Précarité des publics seniors
L’accompagnement du « bien vieillir » constitue un enjeu majeur dans la Métropole du Grand Paris. Cependant, les publics seniors font face à des inégalités sociales et territoriales significatives.
En 2017, le taux de pauvreté dans la Métropole du Grand Paris pour les ménages de 60 à 74 ans s’élève à 15,2%. Ce taux est supérieur à ceux observés aux échelles régionales et nationales, avec un taux de pauvreté des seniors de 60 à 74 ans de 12,8% en Île-de-France et de 10,5% en France. Il est de 9,6% pour les ménages de 75 ans et plus (contre 8,9% en Île-de-France et 8,7% en France).
La répartition des ménages seniors en situation de pauvreté est inégale dans la Métropole. On observe les taux de pauvreté les plus élevés au Nord-Est, dans les communes de Plaine Commune (T6) et d’Est Ensemble (T8). La part des seniors en situation de pauvreté y atteint plus de 25%.
En revanche, les communes de l’Ouest et du Sud-Ouest de la Métropole connaissent des taux de pauvreté des 60-74 ans de moins de 10%, alors qu’elles concentrent des parts plus élevées de seniors que les municipalités du Nord-Est. Les territoires de Grand Paris Seine Ouest (T3) et de Vallée Sud Grand Paris (T2) sont ceux où cette part est la plus faible.
En réponse à la précarité d’une partie des seniors de la Métropole, 57 380³
Le logement des seniors
Si la précarité des seniors constitue un enjeu central, le maintien à domicile des publics âgés l’est tout autant. Le maintien à domicile est la solution privilégiée par la grande majorité des seniors dans la Métropole du Grand Paris. Seuls 4% des plus de 65 ans de la métropole résident au sein d’hébergements ou de résidences spécifiques (44 736⁴
Grand âge et isolement
284 550 personnes âgées de 80 ans ou plus résident dans un logement dans la Métropole. 52% de ces personnes âgées de 80 ans ou plus vivent seules (148 412), correspondant à un taux supérieur à la moyenne régionale (50%) et à la moyenne nationale (49%). Ces seniors isolés se concentrent principalement à Paris et dans les communes limitrophes autour de la capitale. Ces tendances mettent en avant l’importance de la lutte contre l’isolement des personnes âgées contre laquelle agissent de nombreuses collectivités.
Dépendance et perte d’autonomie
Le vieillissement pose enfin la question de la dépendance. Pour répondre à cet enjeu, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) cible les personnes âgées de 60 ans et plus en perte d’autonomie. Cette aide peut servir à financer (totalité ou partie) des dépenses nécessaires au maintien à domicile (Apa à domicile), ou à payer une partie du tarif dépendance en d’établissements spécialisés pour personnes âgées (Apa en établissement).
En 2018, 85 233⁵
Les contraintes de maintien à domicile se posent de façon encore plus prégnante pour les seniors en situation de grande dépendance (groupes iso-ressources 1 et 2). Dans la Métropole, 39% des personnes âgées en situation de grande dépendance vivent à domicile (contre 32% à l’échelle nationale).
Pour les personnes ne pouvant ou ne souhaitant plus rester à domicile, l’offre en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) est riche, mais insuffisante au regard des besoins. On recense 323 EHPAD dans la Métropole, ce qui correspond à une offre totale de 29 847 places en 2020⁶
Ces établissements sont inégalement répartis. L’offre est plus conséquente dans les territoires de l’Ouest et du sud-ouest de la Métropole : Paris Ouest La Défense (T4), Grand Paris Seine Ouest (T3), Vallée Sud - Grand Paris (T2). Cette offre est plus limitée à Paris et dans certaines communes de l’Est et du Sud. Est Ensemble (T8) fait figure d’exception à l’Est avec un nombre de places significatif dans les communes proches de la capitale.
À cette offre en EHPAD, il faut ajouter les maisons de retraite non EHPAD, dont le nombre de places demeure limité (415 places en 2018), les places en résidences autonomie (15 937 places en 2018) et celles en soins infirmiers à domicile (11 584 places en 2018). Le taux d’équipement en places estimé par l’Insee en 2018, associant l’ensemble de cette offre, est de 126 pour 1000 personnes de 75 ans ou plus à Paris, 144 pour les Hauts-de-Seine, 134 pour la Seine-Saint-Denis et 129 pour le Val-de-Marne. Des taux à comparer avec un taux de 140 pour la région Île-de-France et de 146 pour 1000 personnes de 75 ans ou plus en France⁷
Conclusion
En définitive, le vieillissement de la population entraîne plusieurs défis majeurs pour les années à venir dans la Métropole du Grand Paris.
Premièrement, le vieillissement de la population oblige les acteurs publics à anticiper les adaptations et la coordination nécessaires en termes de services, aides et équipements à destination des personnes âgées, en particulier pour le maintien à domicile. L’ambition portée est celle du « bien vieillir » dans une Métropole contrastée où des déséquilibres existent en termes de présence des populations âgées.
Deuxièmement, la précarité des publics seniors touche de façon singulière certains territoires de l’Est de la Métropole. Un déséquilibre territorial est mis en évidence, soulignant l’importance des solidarités territoriales.
Troisièmement, la question du logement des seniors est le corollaire de l’enjeu de la précarisation des publics seniors. Le maintien à domicile est privilégié par les personnes, leurs familles et entourages, et les pouvoirs publics. Cela encourage à une accélération de l’adaptation des logements et le renforcement de l’accompagnement et des services à destination des seniors et des aidants.
Quatrièmement, les risques liés à l’isolement des publics seniors ont été mis au jour par les acteurs publics et associatifs intervenant auprès de ces personnes, de manière encore plus forte dans le contexte de crise sanitaire. Les intervenants sociaux et partenaires associatifs soulignent en effet que les restrictions ont profondément marqué une partie des personnes âgées isolées. Des associations comme les Petits frères des pauvres militent depuis longtemps pour la reconnaissance de la prégnance de cet enjeu.
Cinquièmement, la dépendance est un défi central qui a été reconnu en 2020 comme un cinquième risque par la Sécurité sociale, après la vieillesse, la maladie, la famille et les accidents ou maladies professionnelles. Le développement des EHPAD et des établissements spécialisés comme lieux de vie, le recours à des aides telles l’ASPA pour les plus vulnérables et la mise en visibilité du risque social de la dépendance sont autant de réponses actuelles à penser aussi pour l’avenir.
C’est dans ce contexte qu’une démarche partenariale d’analyse et d’actions a été lancée en mai 2021 en réponse aux impacts sociaux de la crise sanitaire. Accompagnée par l’Apur, cette initiative intègre un focus sur les risques de fragilisation, de précarisation et d’isolement des publics seniors. Elle permettra de suivre et d’analyser les conséquences de court et de moyen termes des effets sociaux de la crise à Paris, tout en éclairant les débats métropolitains sur ces questions.