Chaque année, la RATP collecte en moyenne 9,75 millions de m3 d’eaux souterraines pour protéger ses infrastructures du risque d’inondations. La majorité de ces eaux d’exhaure est rejetée au réseau d’égouts (6,7 millions de m3/an en moyenne sur ces trois dernières années). Pourtant, dans la grande majorité des cas, ces eaux n’ont pas à être traitées en stations d’épuration et pourraient rejoindre en partie le milieu naturel (fleuve, rivières, canaux, lacs…) ou répondre à des usages ne nécessitant pas une qualité d’eau potable.
Engagée dans une démarche de valorisation de ses eaux d’exhaure avec les acteurs du territoire, la RATP a souhaité que l’Apur analyse et cartographie cette ressource et les opportunités d’usages à proximité. L’examen des infrastructures a permis d’établir une base de données précisant les volumes et les niveaux de fiabilité des postes d’épuisement (PEP) et la destination des eaux : rejets en égouts, au milieu naturel, dans le réseau d’eau non potable de la Ville de Paris, pour l’arrosage ou le nettoyage…
Cette cartographie inédite à l’échelle territoriale des usages sert de base à l’identification d’autres potentiels à court et moyen termes. Cinq catégories représentatives ont été retenues ainsi que des critères de proximité (100 m, 200 m, 500 m…) :
- Milieu naturel, eaux visibles et réseaux d’eau brute et d’assainissement pluvial,
- Espaces libres,
- Grands propriétaires publics et privés,
- Services techniques et installations industrielles,
- Secteurs de projets.
Ces catégories ont également été accompagnées d’exemples de mise en valeur des eaux non potables dans des contextes différents (mise en scène de l’eau, trame bleue dans des parcs, jardins, aménagements d’espaces publics, arrosage, nettoyage, alimentation des sanitaires, lutte contre les îlots de chaleur urbains…). En parallèle, sur la base de cette étude, l’Apur a développé un outil d’exploitation, de mise à jour et de partage des données sous forme de service web. Cet outil est en phase d’expérimentation par les équipes de la RATP et pourra enrichir à terme les échanges avec les autres acteurs du territoire.
Ce travail sur les eaux d’exhaure, réalisé en étroite collaboration avec les équipes de la RATP, ouvre des perspectives en termes d’adaptation au changement climatique et d’intégration des cycles urbains. Il concerne le sujet des flux entre la ville et le milieu naturel, mais également celui des infrastructures existantes, leurs complémentarités et leur décloisonnement. La ville de demain aura besoin d’eau pour ses sols, ses plantations, son hygiène, sa beauté. L’usage de cette ressource reste à saisir dans une économie globale propre aux situations métropolitaines.