Analyse des données issues du décompte de la 3e édition de la Nuit de la Solidarité
La Nuit de la Solidarité est un décompte anonyme et objectif de personnes en situation de rue, mené par la Ville de Paris chaque année depuis 2018, avec de nombreux partenaires institutionnels, associatifs et bénévoles. L’opération est inspirée de la méthode développée à New York et déjà utilisée dans d’autres villes dans le monde.
Le décompte de la troisième Nuit de la Solidarité s’établit à 3 601 personnes en situation de rue la nuit du 30 au 31 janvier 2020 à Paris, alors que 24 900 personnes étaient parallèlement hébergées dans un contexte de plan hiver activé.
La comparaison de ce résultat à ceux des années précédentes révèle une grande constance du nombre de personnes en situation de rue, bien que leur répartition sur le territoire parisien et ses différents arrondissements ait légèrement évolué. Au-delà de leur nombre, les données montrent également une forte stabilité dans les éléments qualitatifs recueillis sur leurs profils (répartition par âge, sexe, détails sur leur situation de rue, accès aux droits, ressources…).
Nouveautés de l’édition 2020, une question sur le fait de disposer d’une adresse pour recevoir son courrier et une autre question sur le caractère nouveau ou répété de la situation de rue ont apporté des éclairages sur l’accès aux droits et les trajectoires de vie des personnes sans-abri à Paris. Ainsi, la moitié des personnes interrogées a indiqué avoir une adresse pour recevoir son courrier. De même, la moitié était en situation de rue pour la première fois tandis que l’autre moitié avait déjà connu plusieurs épisodes sans solution d’hébergement, soulevant ici des questions relatives à la santé, au vieillissement, au non-recours de ces personnes sans-abri.
Ce premier cycle de trois Nuits de la Solidarité a permis de fiabiliser une démarche de décompte de rue qui était encore inédite en France en 2018. Dès lors, de nouvelles perspectives peuvent être imaginées pour les années à venir, tel que le déploiement d’un décompte à une autre saison que l’hiver. La réalisation d’une opération au printemps ou à l’été paraît particulièrement intéressante dans l’optique de dénombrer et d’analyser le profil des personnes en situation de rue en dehors de la période hivernale, et de participer à transformer les représentations communes sur les personnes contraintes de dormir à la rue. Les prochaines Nuits de la solidarité pourront également directement concourir à évaluer l’impact de la crise sanitaire sur la précarité et les situations de rue à Paris.