L'Apur a réalisé pour le compte de la Ville de Paris une thermographie aérienne du territoire et de 500 façades de bâtiments représentatifs.
Cette technique est un outil précieux pour dépister les défauts d'isolation des bâtiments. Associée à des expertises complémentaires, la thermographie permettra d'élaborer des préconisations visant à améliorer les performances thermiques des bâtiments parisiens.
Ce travail a été présenté au public sous forme d'une exposition (téléchargeable ci-dessous) en octobre dernier lors des Deuxièmes Journées parisiennes de l’énergie et du climat.
Cette exposition continue de circuler lors de conférences organisées jusqu'à la fin de l'année 2010 dans les mairies d'arrondissement.
Une étude inscrite au programme de travail 2010 de l'Apur analysera plus finement le bâti parisien et ses évolutions, des études spécifiques portant sur le logement et les îlots de chaleur.
Les objectifs et principes méthodologiques de cette étude à paraitre sont détaillés ci-dessous.
Les enjeux de la thermographie
En France, le secteur du bâtiment résidentiel et tertiaire représente 42 % des consommations énergétiques nationales et environ 1/3 des émissions de gaz à effet de serre (GES). Au regard de l’objectif national de réduction des émissions de GES d’un facteur 4 d’ici 2050, ce secteur revêt un caractère hautement symbolique. C’est en effet l’un des rares dans lequel le déploiement de solutions techniques déjà disponibles sur le marché permet d’atteindre les objectifs de réduction des émissions.
L’objectif de la présente étude est de comprendre comment mettre en œuvre de façon pratique une politique ambitieuse de réduction des émissions de GES dans le secteur du bâtiment à Paris. S’adressant aux bailleurs sociaux et aux copropriétés de la capitale, l’étude se concentre sur le segment résidentiel du bâti parisien. À l’issue du travail d’analyse, quelques études de cas pourront être effectuées sur des bâtiments tertiaires, à titre exploratoire.
Problématique de l’étude
La réhabilitation du bâti existant est aujourd’hui un sujet d’étude qui se trouve dans une situation paradoxale, avec d’un côté une forte attente de la part des décideurs politiques et de l’autre un faible niveau de documentation sur la pertinence des solutions envisageables en pratique. Le débat sur la question est souvent simpliste et se réduit très souvent à une opposition entre des bâtiments anciens non isolés jugés déperditifs, et des bâtiments récents parfaitement isolés et donc performants. Ce type de constat incite au calfeutrement systématique des logements, ce qui, dans bien des cas, peut avoir des conséquences désastreuses pour la solidité de la structure du bâtiment, pour le confort des habitants, et sur les consommations d’énergies en été (pour des raisons de climatisation).
La présente étude a pour but de montrer que chaque bâtiment parisien est le produit d’un contexte historique, et qu’il possède des qualités et des défauts thermiques inhérents aux méthodes constructives de son époque. Au cours de l’étude on analysera les performances thermiques du bâtiment en prenant en compte tous les éléments du confort thermique comme la ventilation des logements, leur niveau d’humidité, leur capacité à encaisser un choc thermique estival, etc… De plus, à Paris, la diversité typologique des bâtiments de logements collectifs et la part très élevée du bâti ancien (75 % des bâtiments résidentiels de la capitale est antérieur à 1914) imposent un cadre de réflexion particulier. Les éléments patrimoniaux en sont une composante essentielle, ils doivent être pris en compte au moment de la recherche de solutions innovantes pour améliorer le comportement thermique d’un bâtiment (intervention sur les systèmes de chauffage, isolation des façades, végétalisation des toitures…).
Méthodologie
L’étiquette énergie est aujourd’hui un élément qui permet une meilleure compréhension par le grand public des consommations d’énergie des bâtiments. Il faut cependant garder à l’esprit que la performance thermique d’un bâtiment ne se résume pas à un chiffre exprimé en kWh/m2/an, et que les solutions de réduction des consommations d’énergie pertinentes et durables dans le bâtiment passent nécessairement par l’analyse fine d’un certain nombre de critère :
- matériaux présents dans le bâtiment ;
- techniques d’isolation existantes ;
- état du bâtiment avant travaux ;
- intérêt architectural et patrimonial ;
- capacités financières des copropriétaires ;
- objectif à atteindre en termes de consommation d’énergie (respect des objectifs du plan Climat, de Grenelle 2…).
C’est pourquoi la méthodologie de travail de cette étude a été construite pour répondre à trois approches complémentaires dans l’analyse thermique du bâtiment parisien.
La première approche consiste à inscrire les bâtiments dans leur contexte de construction, en dégageant les spécificités dans la forme urbaine et les techniques constructives propres à chaque période étudiée. Le but est de fournir des clés d’interprétation dans l’analyse thermique des bâtiments et des éléments d’arbitrage dans l’analyse des solutions possibles. Pour cela, le travail se base sur des relevés de terrain et une recherche documentaire, soit à partir d’ouvrages, soit à partir de plans des bâtiments (notamment lorsque des bailleurs sociaux ou des copropriétés peuvent les mettre à disposition de l’APUR).
La seconde approche consiste à décrypter le bâtiment d’un point de vue thermique. Pour cela, le travail se base, entre autres, sur l’analyse de la thermographie de façade effectuée sur un échantillon représentatif de bâtiments parisiens. Il permet de mettre en évidence les différences de comportement thermique propres aux bâtiments de chaque période étudiée, en soulignant les atouts et les pathologies éventuelles.
La troisième approche consiste à étudier de manière critique les solutions existantes en matière d’amélioration de la performance thermique d’un bâtiment et de les confronter à la réalité du terrain parisien. Pour cela, l’analyse se base d’une part, sur le retour d’expériences des principales opérations menées par les bailleurs sociaux partenaires de l’étude, et d’autre part sur des simulations de coût économique et de gain en consommation énergétique sur des exemples pris dans l’échantillon d’étude.
La méthodologie s’appuie sur le découpage chronologique de l’APUR en 9 périodes, permettant de mieux identifier toutes les périodes du bâti parisien, et qui s’inspire de celui proposé par l’INSEE pour la période postérieure à 1915.
Plan détaillé des livrets/cahiers par période
En fonction des éléments que l’on vient de présenter et pour chaque période étudiée, le plan de l’étude est le suivant.
1. Contexte de la construction et de la forme urbaine propre à chaque période, pour comprendre l’évolution du bâti parisien et documenter la question de la ville durable. Sont traitées de manière systématique :
- le contexte démographique
- le contexte économique
- le contexte environnemental
- l’analyse de la forme urbaine, en prenant notamment en compte :
• la répartition des bâtiments sur le territoire parisien
• l’évolution de la densité et de la compacité des îlots. L’objectif est d’explorer le lien entre forme urbaine et performance thermique des bâtiments.
2. Analyse architecturale des bâtiments de logements de chaque période. Elle présente successivement :
- l’état des techniques de construction de l’époque
- les types de bâtiments qu’on rencontre à chaque période. Pour chacun de ces types, sont mises en évidence leurs principales caractéristiques architecturales qui ont un lien, soit avec le comportement thermique du bâtiment, soit avec les types de solution d’amélioration de la performance thermique qui sont envisageables. Sont donc traités de manière systématique pour chaque période :
• les techniques constructives (ossature ou façade porteuse, préfabrication…)
• l’enveloppe (types de matériaux, ornementation, présence de balcons, de loggias, d’oriels, types d’huisseries…) et les toitures
• les équipements de chauffage (collectif, individuel…) et la source d’énergie utilisée (gaz, électricité…)
• les modes de ventilation (naturelle, mécanique…)
• les dimensions des logements (hauteur sous plafond…)
• l’organisation des pièces
3. Analyse thermique des types de bâtiments rencontrés pour chaque période étudiée. Elle étudie successivement :
-le comportement des murs, à travers 4 paramètres :
• leur résistance thermique
• leur comportement aux écarts de température (phénomènes de « parois froides »…)
• leur comportement aux phénomènes d’humidité (points de rosée…)
• leur inertie, afin de prendre en compte la question du confort d’été
- la présence possible de fuites thermiques, avec trois cas :
• au niveau du plancher
• au niveau des fenêtres et des huisseries
• au niveau des balcons, des oriels et des loggias
- la ventilation des logements, élément important notamment en cas de mise en œuvre de techniques d’isolation de la façade
- les systèmes de chauffage