Les quartiers de la politique de la ville qui accueillent des publics plus éloignés de l’emploi ont vu le nombre d’auto-entrepreneurs fortement progresser au cours des dernières années, soulevant des questions sur la nature et les conditions d’exercice des emplois créés.
Cette étude réalisée en lien avec la Direction de la Démocratie, des Citoyen·ne·s et des Territoires (DDCT) de la Ville de Paris et l’Urssaf Île-de-France vise à améliorer la connaissance des auto-entrepreneurs dans les quartiers de la politique de la ville à Paris. Le régime auto-entrepreneur est aujourd’hui majoritaire parmi les travailleurs indépendants. Si ce statut compte de nombreux avantages pour faciliter la création d’entreprises, il propose aux travailleurs un statut d’emploi parfois fragile associé à des conditions de travail précaires.
À partir d’une sélection de données mises à disposition par l’Urssaf Île-de-France, cette étude propose un focus sur les auto-entrepreneurs dans les quartiers de la politique de la ville en comparaison des auto-entrepreneurs parisiens pour appréhender leurs spécificités en matière d’évolution, profils, secteurs d’activité, revenu, maintien de l’activité.
En 2021, 149 600 auto-entrepreneurs ont un compte administrativement actif à Paris, dont 21% dans un quartier prioritaire ou un quartier de veille active (contre 16% des actifs). Ce nombre a progressé plus fortement dans les quartiers prioritaires qu’en moyenne à Paris et leur part parmi les travailleurs indépendants y est plus élevée (81% contre 54% à Paris). Parmi les comptes actifs, 58 % déclarent un chiffre d’affaires positif dans les quartiers prioritaires contre 67% à Paris, traduisant de plus fortes difficultés dans le maintien de l’activité. Les activités de transports et d’entreposage y sont plus nombreuses, en particulier les activités de poste et de courrier qui incluent les services de livraison. Les auto-entrepreneurs ont un profil spécifique dans les quartiers prioritaires : ce sont plus souvent des hommes, plus jeunes, plus souvent commerçants et légèrement plus souvent polyactifs. Leur niveau de revenu est en moyenne 19% inférieur à celui des auto-entrepreneurs parisiens. La crise sanitaire a eu un impact plus marqué sur les auto-entrepreneurs dans les quartiers prioritaires qu’en moyenne à Paris, avec un revenu moyen en plus fort recul en 2020 et des radiations plus nombreuses.